la nuit est morne. triste. ushi fixe ce compte-rendu. il le regarde depuis deux bonnes minutes. et pourtant il ne lit rien. non, il est ailleurs. ça vogue, tranquillement. et puis un bruit le surprend. le ramène sur terre. la porte s'ouvre, un instant. il espère voir jun mais non, ce n'est qu'un simple membre du gang. il lui dit que les gars vont en bas. ushi sait ce que ça veut dire. il acquiesce de la tête. et puis la porte de referme. de retour à la solitude, à ces papiers aux lignes trop remplies. ushi souffle. il décide de laisser tomber, au moins pour ce soir. surtout que ça commence à le saouler. il referme le dossier et le glisse dans son tiroir. il se lève, s'apprête à se servir un verre lorsqu'un bruit retient son attention. il s'approche de la fenêtre, toise le monde d'en bas. et il voit cette silhouette. étrange. ushi fixe cette chimère. elle s'avère être bien réelle. il se demande comment l'ombre est arrivée là. le casino est bien gardé -normalement- pas franchement ravi qu'on vienne fouiner par ici, il décide de prendre en main la situation. ushi retrouve son arme. bien sûr, c'est juste au cas où. après tout, même si les black diamonds sont neutres, certains cherchent à les faire s'impliquer. juste une question de sécurité. ushi claque ensuite la porte. il redescend dans la foule, un instant. il évite soigneusement de se faire interpeller. il préfère observer et ça depuis toujours. il n'échappe cependant pas à certains clients très vivaces. sauf qu'il a autre chose à faire. il voudrait bien attraper ce fantôme. direction l'extérieur. derrière le casino. il marche, sur ses gardes. ses yeux sont à l'affût du moindre danger. et il le voit. l'ombre, la chimère qui a l'air perdue. « c'est une propriété privée. » assez pour surprendre l'autre, peut-être bien. et ushi avance vite pour le coincer contre le mur, rivant son arme contre le bassin de l'autre. « qui t'envoie ? tu viens chercher des infos, c'est ça ? » la menace. parce que dans leur monde, c'est le seul truc qui marche. et ushi attend, une réponse ou une réplique, peu importe les risques.

Ses iris parcouraient les rues illuminées de la ville en cette folle soirée. Il cherche, erre dans les rues, questionne quelques personnes, sans succès. Le jeune garçon commençait à déjanter, son envie grandissant au fur et à mesure. Ça faisait presque vingt-quatre heures qu’il n’avait rien consommé, le manque se faisant de plus en plus ressentir. Shang-ti déambulait dans les quartiers les plus malfamés, s’égarant quelques fois, cherchant inlassablement où il pourrait trouver son nirvana et, enfin, ne plus ressentir cette sensation qui lui dévorait les entrailles. Arrivant non loin d’un lieu où diverses nuisances sonores se faisaient entendre, le jeune camé avait détourné ce dernier, commençant à observer les lieux avec curiosité, recherchant dans les endroits les plus improbables un fournisseur, en espérant que celui-ci cède aux supplications du chinois, prêt à donner son corps pour asservir les désirs lubriques de ces messieurs pour quelques grammes. Il rôde en ces lieux peu fréquentables, essayant de retrouver son chemin, l’imprudent s’était perdu et, en un battement de cil, il s’était brutalement retrouvé contre le mur, une arme pointée contre son bassin. L’incompréhension et la frayeur s’était emparées du gamin, des perles salées commençant d’ores et déjà à rouler le long de ses joues. « M-Me tuez pas, s’il vous plait… Je suis… Je cherchais juste de quoi me défoncer, me tuez pas !! » Shang-Ti croyait que sa misérable existence allait prendre fin d’ici quelques minutes et il ne pouvait absolument rien y faire. Le frêle garçon tentait de s’échapper mais la poigne de l’inconnu était beaucoup trop forte, le combat était perdu d’avance. « J’en savais rien que c’était interdit ici, j’me suis perdu… J’veux pas mourir s’il vous plait, j’suis qu’un pauvre junkie de merde monsieur… » Il espérait que l’homme armé allait passer outre l’égarement de l’apeuré et le laisser partir. Seulement, ces petits miracles ne se produisaient jamais dans cette ville. Des macchabées, il en a vu défiler dans sa très courte vie, perdant au fil des années ses amis, proches ou non, ces gens qu’il considérait comme sa seule et unique famille. Il n’avait jamais pu dire au revoir à ces pauvres personnes et, aujourd’hui, il était persuadé qu’à son tour, il allait disparaître sans laisser de traces, pauvre gosse.

arme pointée sur l'inconnu. sur cette silhouette rattrapée bien rapidement. il ne la baissera pas. il doit savoir. est-ce un informateur ou un paumé ? normalement; tout doit être désert. vide. c'est comme ça que le qg est. vide pour les intrus. m'enfin, lui il a dépassé les bornes. peu importe son identité. ushi attend. pas longtemps. l'autre est plutôt réactif. retourné en un instant, ushi ne baisse pas son arme. il observe simplement cet imprudent. des larmes ? oui, sur ses joues. est-ce que c'était une blague ? une ruse peut-être bien ? non, pourquoi pleurait-il ? ici, on vivait d'insultes et de munitions, pas de larmes ruisselantes. dans tous les cas, ushi est perturbé. attendri, on ne sait pas mais surpris c'est certain. et puis l'écho de la voix inconnue le trouble. une supplication. 'me tuez pas' ils disent tout ça, pas vrai ? c'est pour anéantir la menace. sauf que ushi ne peut pas. non, baisser son arme est inconcevable. du moins pas avant de savoir qui il a en face de lui. il parle de se défoncer. ouais, peut-être que c'est encore un camé. juste un drogué. il se débat. cherche à échapper à ushi. et c'est vain. inutile dans cette situation. et ça recommence. perdu, il ne veut pas mourir. un junkie, apparemment. ushi aimerait le croire mais sa méfiance est trop grande. « je ne vais pas te tuer. » pas maintenant. « enfin, tout dépend de toi. » nuance. « suis-moi et sans un mot. » ushi n'aime pas régler ses comptes dehors. pas assez d'intimité dira t-on. il le fait avancer, toujours son arme pointée dans le dos. ushi est sur ses gardes. on ne sait pas ce que l'inconnu pourrait tenter. il l'entraîne dans le bâtiment. direction une pièce reculée. assez pour que personne n'entende rien. et ushi ferme la porte. sur eux deux. c'est dangereux mais il n'a pas d'autre choix. « tu dis que t'es un junkie, c'est vrai ? qu'est-ce que t'es prêt à faire pour une dose ? » il le fixe. et alors qu'il se concentre sur ses yeux, les larmes et ce qu'il en reste, tout ça attire son attention. moment de faiblesse. d'égarement. « qu'est-ce qui me dit que t'es pas un informateur et que tu joues la carte du drogué ? » ushi lui désigne la chaise. « assis-toi. je dois bien vérifier que tu me dis la vérité, tu comprends hein ? » oui, il le doit. il ne compte pas le torturer, juste le lui faire croire. au moins le temps d'être sûr.